les Camerounais sont-ils prêts pour le Cameroun ?
Ayons
donc le courage de regarder la vérité en face, sans faux-semblant. Ayons le
courage de l’admettre. Ayons le courage de jeter un regard cru. N’essayons pas
de nous voiler la face. N’essayons pas de le taire ou de nous dérober. Le berceau de nos ancêtres est un géant
tombé. Le jardin que nos aïeux ont
cultivé est devenu une jungle dans laquelle tout et n’importe quoi est
désormais possible. Il semble bien que la chère
patrie n’offre plus rien de chérissable pour ses enfants. La nation est une
nation en panne. Le pays est un pays en panne. En tant que Camerounais, cet
état de chose ne peut pas nous satisfaire.
Néanmoins,
un changement signifie que moi-même je change aussi. Un changement me fera
changer aussi. Un réel changement ne se fera jamais sans moi. Un changement
impliquera ma personne dans le processus. Est-ce que j’en suis conscient ?
Est-ce que je suis prêt à l’accepter ? Un changement signifie un nouveau
départ ; des rapports nouveaux avec les autres, avec la société, avec la
vie ; des comportements nouveaux ; une mentalité différente. Alors,
est-ce que je suis prêt pour cela ? Est-ce que je suis volontaire ?
Est-ce que je suis capable de le faire ?
Voilà
des questions que les Camerounais doivent se poser. Chaque Camerounais, chaque
Camerounaise à l’heure actuelle doit pouvoir savoir s’il, si elle est un poids
ou au contraire un levier pour l’édification d’un Cameroun nouveau. Cette
question à mon avis est essentielle, dans la mesure où un Cameroun très dégradé
a façonné chez les Camerounais une mentalité de corruption avec les
comportements corrompus qui lui sont corollaires. Ma conviction est que le
peuple camerounais constitue la richesse du Cameroun. Nos ancêtres, nos vieux,
nos jeunes, nos hommes, nos femmes, nos enfants, vous et moi ; voilà la
richesse du Cameroun. Ce sont ces hommes et ces femmes qui font la société. Ce
sont ces hommes et ces femmes qui font la vie économique. Ce sont ces hommes et
ces femmes qui font la vie sociale. Ce sont ces hommes et ces femmes qui font
la vie politique. Le peuple : les ancêtres, les vieux, les jeunes, les
hommes, les femmes, les enfants, vous et moi, n’importe lequel d’entre nous. Je
pense que la qualité, j’entends ainsi la nature d’un peuple fait aussi ou non un
grand pays.
C’est
vrai que la terre – avec sa ressource miraculeuse qu’est l’eau – constitue le
premier don qui nous est offert gratuitement. Cependant, la manière dont nous
nous comportons vis-à-vis de notre terre ; la manière dont nous nous
comportons les uns envers les autres sur notre terre ; les codes que nous
mettons en place, les lois que nous faisons, les règles que nous inventons et
que nous suivons ; tout cet ensemble de choses, si nous les gérons avec
sagesse, ne manqueront pas de faire de notre
nation une nation riche. Quand bien même l’eau serait abondante, il est
dit qu’il y en a qui trouveraient toujours le moyen d’avoir soif. Il est
courageux et même héroïque – opportun surtout – de notre part d’admettre que
nos propres attitudes, notre propre conduite peuvent entraîner la misère dans
une terre d’abondance. A bien des égards le Cameroun est une terre
d’abondance : l’abondance de des cultures humaines ; l’abondance de
ce dont nous pouvons nous nourrir qui pousse sur la surface de sa terre et
l’abondance également de ce qui réside à l’intérieur de sa terre, caché dans
ses profondeurs. Il n’y a absolument aucune raison que le Triangle National soit aujourd’hui entrain de se battre avec la
pauvreté, la misère ou la prétendue dette vis-à-vis de nations étrangères alors
que nous savons que ces nations étrangères ne sont même pas un quart aussi
riches que nous. La situation que vit le Cameroun n’est pas autre chose qu’une
anomalie, une anomalie sur toute la ligne. Ce constat me conduit à affirmer
ceci : la naturelle à elle seule ne suffit pas. La terre chérie a besoin de riches esprits, de vous et de moi, pour
faire de sa terre un pays de richesse.
Homme
africain, femme africaine, garçon africain, fille africaine du Cameroun, je
souhaite que tu retiennes ceci. Nous avons un choix à faire. Je demande au
peuple camerounais de choisir le Cameroun. Je demande au peuple camerounais de
faire le choix du Cameroun pardessus tout autre choix. Peuple camerounais, je
te demande de faire le choix du Cameroun dans sa totalité pardessus n’importe
quelle région individuelle du Cameroun. Peuple camerounais, je te demande de
faire le choix du Cameroun pardessus n’importe quelle personnalité individuelle
du Cameroun. Camerounais, intensifiez davantage
vos point forts et faites décliner davantage vos points faibles, pour le
Cameroun. Je crois en l’Afrique, je crois aux Africains, c’est pour cela que je
crois en vous, Africains du Cameroun. Peuple travailleur, peuple talentueux,
peuple pacifique, peuple inventif, peuple endurant, peuple merveilleux,
l’Afrique attend beaucoup de ses enfants. L’Afrique attend beaucoup de toi
aussi.