Une culture du culte
La mentalité du culte dans est un de ces travers dont il est je pense urgent de se débarrasser si nous ambitionnons de donner un nouveau départ au Triangle National. Une culture du culte très fortement ancrée dans les agissements quotidiens cause un tort immense à notre pays. La dernière chose dont a besoin une nation dont le projet est de se construire, de se fortifier, d'avancer, de rayonner, c'est d'avoir des citoyens qui soient des dévots, des adorateurs.
Le culte de l'autorité, le culte du palais, le culte du titre, le culte de la fonction, le culte de l'immatriculation « CA », le culte du nom, le culte du renom, le culte de la personnalité, le culte des personnalités, le culte du galon, le culte de l'uniforme, le culte de la tenue, le culte du costume, le culte de la cravate, le culte de ceci, le culte de cela. En bon fils du Triangle National j'avoue batailler très dur pour ne pas céder à la tentation de me résumer comme souvent le font mes concitoyens, en utilisant le désormais classique : « trop de… (quelque chose) tue… (la chose)». Une fois n'étant pas coutume, je me permettrai donc ici la formule : « trop de culte… tue le culte ».
Trop de culte nuit à la bonne marche du Cameroun. Trop de culte contribue à maintenir les choses en l'état au Cameroun. Trop de culte fait reculer le Cameroun. Trop de culte fatigue le Cameroun -qui est déjà bien assez fatigué comme-ça. Trop de culte place les Camerounais et les Camerounaises dans des attitudes de courtisans et de fidèles. Trop de culte empêche un sain jugement sur l'action des responsables à qui la nation a confié la tâche de conduire le berceau de nos ancêtres. Cette mentalité du culte nuit énormément au Cameroun.
Lorsque les gestionnaires du pays ne se montrent pas à la hauteur par incompétence, par sabotage, trahison, la réaction normale et responsable attendue des citoyens est la distance, la désolidarisation. On désavoue et on se détourne. On ne peut pas condamner des agissements le jour et courir courtiser les auteurs de ces agissements la nuit sous prétexte de titre, de fonction, de palais, de tenue, d'uniforme, de costume, de cravate, de galon, de nom, de renom, d'immatriculation « CA » ou même d'appartenance ethnique. Une telle attitude contribue à légitimer et les comportements coupables et leurs auteurs. Comment donc prétendre encore se plaindre dans ce cas ? Voilà les limites de la mentalité du culte.
Au lieu que les enfants du Triangle National s'adonnent à une culture du culte qui ne mène le pays nulle part, pourquoi ne pas lui substituer un culte de la culture par exemple ? Nous avons de très riches cultures qui sont malheureusement très insuffisamment étudiées jusqu'ici, je dois le dire. Le savoir, les techniques, les technologies hérités des Ancêtres ne demandent qu'à être réactualisés au besoin, recyclés, repensés pour en faire des outils opératifs dans ce XXIème siècle. La culture couvre tous les domaines de l'activité : la médecine, l'architecture, l'habitat, la gastronomie, l'industrie, la musique, l'urbanisme, l'économie, l'écologie (l'utilisation responsable de la Nature), la métallurgie, l'agriculture, la pêche, l'artisanat, le domaine cosmétique, le domaine du vêtement, les mathématiques, les institutions : la justice, la police, l'armée, une assemblée du peuple (Assemblée Nationale). La culture englobe tous ces champs.
Un culte de la culture, non pas une culture du culte. Aimons nos cultures. Cultivons l'amour pour nos cultures. Nos cultures sont notre identité. Nous cultures sont nos armes. Nos cultures sont notre avenir.
