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Mise au point

   La perception qu’autant ceux qui furent déportés que ceux qui sont demeurés sur le continent ont de l’esclavage est je pense une autre de ces anomalies. Beaucoup se comportent comme s’il y avait deux Afriques : l’une dans lmaquelle les ancêtres des Afro-brésiliens, Afro-caribéens, Afro-argentins, Afro-mexicains, Afro-colombians, Afro-boliviens, Afro-panaméens, Afro-péruviens, Afro-cubains, Afro-vénézuéliens, Haïtiens, Afro-canadiens, Africains Américains furent déportés, et une seconde Afrique, l’Afrique actuelle telle que l’on peut la voir sur une carte, dans laquelle les gens avaient vaguement appris que des Noirs étaient réduits en esclavage et jetés dans des bateaux qui s’en allaient avec eux. Ce que je voudrais dire c’est que des Africains de la diaspora caribéenne ou américaine ont le sentiment que ceux des Africains du continent ne sont pas concernés par la commémoration de l’abolition de l’esclavage par exemple, les lamentations pour nos pères et nos mères qui ont souffert l’enfer de maafa (l’esclavage). Ceci est vrai pour les Africains du continent également qui ne se sentent pas concernés. Voilà ce que je veux dire. Voilà pourquoi la mémoire est essentielle.

Nous ne devons pas parler de ces choses avec légèreté. Nous touchons là à un domaine très sérieux. Ceux qui furent emmenés en captivité furent enlevés de parmi le peuple, autrement dit de parmi les Africains. Ce sont des Africains qui ont été déportés, ne l’oublions pas ! De plus, si nous prenons en considération les résistances, nous devons garder à l’esprit que nombreux parmi ceux qui sont restés sur la terre d’Afrique ont pu le faire parce qu’ils sont soit parvenu à s’échapper des filets des négriers, soit parce qu’ils ont pu se révolter dans les navires et retourner sur les côtes. Voilà pourquoi beaucoup d’Africains n’ont pas été emportés au loin.

En rappelant ces faits, je voudrais qu’il soit clair pour tout le monde que l’esclavage fait partie de l’histoire des Africains des deux côtés de l’océan. Si nous ajoutons à cela –et nous devons le faire- que ceux qui furent capturés et déportés ont laissé derrière eux leurs familles, leurs parents, grands-parents, oncles, tantes, frères, sœurs, maris, femmes,enfants, neveux, nièces, nous ne devons pas non plus oublier leur douleur, leur peine,la blessure profonde dans leurs âmes, la violence de la séparation, l’horreur de la vision du martyr de notre peuple, le sentiment d’impuissance, la hantise au quotidien de la mort, la peur du lendemain avec son cortège d’horreurs renouvelées. Alors je vous demande : où pensez-vous que tout cela soit allé ? Tout cela est imprimé dans la psyché de tous les enfants de l’Afrique aujourd’hui, fussent-ils à l’intérieur de l’Afrique ou à l’extérieur. Ne soyons donc pas désinvoltes avec un sujet aussi sérieux. Utilisons toutes les régions de notre cerveau que nos méditations sur cela qui nous est arrivé n’ont pas encore touché afin d’avoir un tableau le plus vivant possible de cette réalité.

L’Afrique doit s’éveiller à l’Afrique et ce réveil de l’Afrique à l’Afrique doit avoir pour détonateur le réveil de la conscience africaine qui lui-même passe par un réveil de la mémoire africaine.




 
                                            

   





24/08/2007
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