La justice
Le système judiciaire au Cameroun devra sérieusement être amélioré afin qu'il ne soit pas synonyme de fatalité pour les moins nantis. La justice, comme son nom l'indique doit être juste, impartiale, équitable. Les deux plateaux de la balance de la justice doivent avoir exactement le même poids. La justice est déterminante pour l'harmonie, la paix dans la société.
Trop nombreux sont les citoyens à se retrouver privés de leur liberté dans des prisons sans avoir été jugés : ceci est un grave problème qui doit être résolu. Trop nombreux sont les citoyens à se retrouver privés de leur liberté dans des prisons sans avoir pu bénéficier d'un procès équitable : ceci est un autre grave problème qui doit être résolu. Les prisons au Cameroun sont vétustes, insalubres et surpeuplées : ce problème doit être résolu ; les hommes, les femmes et les adolescents qui à raison ou à tort s'y retrouvent sont-ils des bêtes, des animaux ? Non. Si nous aspirons à servir de modèle d'humanité pour tous les enfants d'Afrique et même pour l'humanité ; si nous aspirons à l'admiration des autres peuples sous le soleil, n'admettons pas que des citoyens parce que sanctionnés (à tort ou à raison) par la société en soient réduits à supporter des conditions de vie incompatibles avec le statut d'êtres humains.
Notre grandeur en tant que productions de l'Afrique résidera aussi dans le degré d'humanité que nous saurons nous témoigner mutuellement. Gardons toujours à l'esprit que pendant cinq siècles, c'est-à-dire 500 années sans discontinuer, l'humanité des Africains a été piétinée, reniée, bafouée par d'autres peuples. L'esclavage que les Africains ont subi pendant ces siècles et la régression qui s'en est suivie ont façonné la perception dévalorisante que le reste du monde a de l'Afrique. Les Africains sont perçus comme une sous-humanité, une humanité au rabais. Le moyen pour nous de reconstruire nos âmes, nos cœurs, nos esprits, nos corps qui ont intériorisé le traumatisme de la déportation par millions, la fuite et la traque au quotidien, la peur, la panique, les cris, les larmes, les lynchages, les corps mutilés, la vision des nôtres enlevés à nous, la détresse chaque jour et chaque nuit pendant cinq siècles, soit 500 années, est déjà de nous prodiguer à profusion cette humanité martyrisée.
Voilà l'une des directions fortes qu'indiquent les aiguilles de l'histoire pour l'Afrique. Le degré d'humanité que nous devons nous témoigner les uns envers les autres doit être élevé au niveau du plus grand art que nous puissions produire. Tant que la mémoire de la tragédie de l'esclavage qui explique en grande partie la situation actuelle de l'Afrique ne sera pas vivante chez tous les Africains, alors nous ne serons qu'un peuple errant qui déambule dans les coulisses du monde, sans but, sans projet : un peuple qui marche sans lumière dans la nuit. Pour toutes ces raisons, le Cameroun doit être un modèle d'humanité de l'Africain envers l'Africain.
