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Quels Camerounais ?

    Les peuples, les nations à travers le monde s'identifient également par des traits de caractère spécifiques. Les Camerounais sont réputés fiers, d'une grande intelligence et dotés d'un esprit indomptable qui ne les fait reculer devant aucun obstacle. Cependant, ces grandes qualités à elles seules ne suffisent pas pour bâtir une grande nation, forte, unie, qui travaille à la réalisation d'un projet commun. Si en effet l'on n'y prend garde, l'intelligence, le génie ou le talent mal gérés peuvent générer la suffisance, la prétention, l'illusion de ne rien de devoir apprendre de personne, un négatif sentiment de supériorité. A trop enfler on finit par exploser. Nous devons bien veiller à ce que ce type d'explosion n'ait pas lieu, à supposer toutefois qu'elle n'ait pas déjà eu lieu. Devant le miroir et sans complaisance, nous devrons courageusement vérifier si oui ou non l'explosion en question s'est effectivement produite, auquel cas nous nous trouverions en face d'un problème à résoudre, d'un autre type de challenge à relever.

L'explosion dont il est question ici est une forme d'autodestruction qui se caractérise par une propension à dénigrer et même à saboter les initiatives chez l'autre ; une incapacité a s'associer afin de partager et de faire profiter de nos dons aux autres ; une polarisation excessive sur notre petite personne, conséquence de notre ego hyper développé qui trahit par la même occasion malheureusement notre humilité sous-développée ; un besoin de se sentir plus important que les autres. Ce type d'explosion est en fait une implosion, une explosion de l'intérieur, qui trouve son origine quelque part dans notre personnalité, dans notre mentalité. Serait-ce là le mauvais côté du lion qui à cause peut- être d'un sentiment de majesté mal placé ne s'associe pas volontiers avec ses congénères, ne vit pas d'ordinaire en troupeau et ne fonctionne de préférence qu'en solitaire ? Toujours est-il que l'individualisme est une tendance très présente chez les fils et les filles du Triangle National.

Cette attitude disons-le clairement est une fermeture, une impasse ; une impasse dans ce sens qu'au lieu de favoriser une saine communication entre les enfants du triangle elle crée des nœuds, des barrières, des murs. Les enfants du Triangle National ne doivent pas être des murs les uns pour les autres mais des portes ouvertes, des routes, des chemins, des ponts, des opportunités, des possibilités : nous devons être comme des vases communicants. Ouandji doit être une route pour Aoudou. Aoudou doit être une route pour Ndomè. Ndomè doit à son tour être une route pour Zal. Zal à son tour doit être une route pour Nfor. Nfor aussi doit être un chemin pour Ela. Ela doit être une route pour Batanken qui aussi doit être un chemin pour Batoum : tous doivent être comme des vases communicants. Il en va de même pour Ambadiang et Ndika. Nous devons interagir et communiquer à la manière dont le vert, le rouge et le jaune de notre beau drapeau interagissent et communiquent.

Nous ne sommes pas en compétition les uns contre les autres, nous nous complétons les uns les autres. Soyons donc des routes les uns pour les autres, des portes les uns pour les autres, des chemins, pas des sens interdits ou des feux rouges. Par nos actions, par nos paroles, de par notre mentalité ne soyons pas des nœuds, ne soyons pas des obstacles. Soyons des routes par lesquelles les énergies qui doivent construire notre pays pourront circuler librement. Ces énergies sont humaines, il s'agit de la bonne volonté, des cœurs, des cerveaux, des bras, des jambes des hommes, des femmes, des enfants du Cameroun. Ces hommes, ces femmes, ces enfants qui doivent exprimer la vie que le ciel, le soleil, la terre, les cours d'eau ont placée en eux afin qu'ils produisent à leur tour la vie, la beauté, la bonté, la grandeur, l'harmonie, la civilisation.

Une culture de l'humilité doit progressivement s'enraciner au point de devenir une des caractéristiques de notre peuple. Cette humilité qui nous fait désirer apprendre, apprendre des autres, comprendre, grandir, nous améliorer. Pour qu'il puisse s'étendre au reste de la nation, l'exemple du service et de l'humilité doit nécessairement venir de la classe dirigeante. Mais cette classe dirigeante elle-même a pour modèle ultime la plus haute autorité de l'Etat a savoir le président de la république, dont la personnalité va rejaillir sur ses collaborateurs. Les choses sont ainsi. Le sommet a la possibilité d'influencer positivement ou non la vie de la nation.

Notre destin étant d'aller de l'avant, de travailler à rendre notre pays prospère, de « progresser toujours » selon les paroles du second couplet de notre hymne national, je ne doute pas un seul instant que le peuple camerounais ne sache se montrer à la hauteur de ce défi, à condition toutefois qu'il soit convenablement encadré et motivé.

Pour être honnête, il est de la responsabilité de l'autorité suprême de donner l'impulsion pour ce saut qualitatif, cette transformation des mentalités, car les moyens et l'exercice du pouvoir lui incombent, de plus il occupe la position de leader de la nation. Le sommet façonne les mentalités. Il n'est pas possible que dans les hautes sphères de l' état l'on se comporte de façon honorable pendant que le reste du gouvernement ou de la nation ne suive pas. Ce cas de figure n'est même pas envisageable, parce que l'exécutif a les moyens constitutionnels de mobiliser tous les appareils de l'état pour faire appliquer des ordonnances sur la totalité territoriale. Par contre, de par son rang, de par l'autorité que ce rang lui confère, le sommet influence et déteint sur toutes les couches de la société. Les décrets, arrêtés et autres mesures qui s'appliquent à l'ensemble de la nation partent de la tête de l'Etat.

Les comportements bons ou mauvais –mieux vaut qu'ils soient bons- observés à la tête, par effet d'entraînement finissent par se retrouver chez le citoyen ordinaire. Il y a donc là une relation de cause à effet évidente. La tête comme siège de l'autorité de l'Etat doit donner le ton et montrer par des actes concrets l'exemple d'un Cameroun différent, sain, en accord avec les aspirations de justice, de bonheur du peuple du Triangle. L'exercice de la fonction suprême est une affaire sérieuse. Cette fonction implique des droits et des avantages certes, mais aussi des devoirs dont le premier et le suprême est le service, le dévouement à la nation.

Présider aux destinées de l'Etat implique pour le citoyen qui en fait le serment public, officiel et solennel de veiller au bien-être, à la bonne organisation, à la bonne gestion de la nation. Ce serment est un devoir et une obligation. L'incivisme, la désinvolture, la dégradation des mœurs qui aujourd'hui tendent à se généraliser parmi les fils et les filles du Cameroun et ce à un âge précoce doivent aussi se décrypter comme les signes du blues d'un peuple désespéré, désabusé, fatigué, abandonné à lui-même, qui a malheureusement perdu foi en ceux et celles qui devaient lui procurer des cadres adéquats pour son épanouissement.


 



25/04/2007
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