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Mémoire

   Le retour au temps où les cordes de notre kora se sont cassées signifie que la mémoire de l’esclavage doit impérativement être retrouvée par tous, plus particulièrement ceux des Africains restés sur le continent. Pour que cette mémoire soit retrouvée, elle doit être cultivée. Les faits doivent être rappelés. L’esclavage doit être enseigné en priorité dans les écoles d’Afrique, dans les collèges, dans les universités. L’information sur l’esclavage devra donc être disponible et circuler afin de rendre vivante la mémoire de cette tragédie. Un système tripolaire pourrait servir de moyen de diffusion de cette information : le système scolaire avec notamment des programmes académiques solides constituerait un des pôles. La radio et la télévision avec la diffusion de programmes bien précis constitueraient les deux autres pôles. Chacun des pôles fonctionnerait ici comme un relais par rapport aux deux autres. Je tiens à préciser que ces trois pôles doivent fonctionner en réseau, raison pour laquelle je les perçois comme un système tripolaire.

Loin de minimiser l’Internet, je pense néanmoins que dans le cadre d’une éducation de masse –puisqu’il s’agit bien de cela- la radio et la télévision ont l’avantage de donner une information gratuite à des millions de personnes au même moment. L’école assure également un enseignement de masse. Avec l’Internet et la possibilité de choisir le lien de son choix, l’effet de masse est absent. Autre chose est que pour bon nombre d’entre nous, se payer une connexion au World Wide Web est un luxe qu’ils ne peuvent se permettre parce qu’ils ont d’autres priorités. À l’heure actuelle, la couverture Internet et le nombre de personnes pouvant utiliser un ordinateur sur le continent sont encore très faibles, même si ce retard peut être comblé avec le temps et la volonté politique des gouvernements. Dans tous les cas des sites Web sérieux, blindés du point de vue de la richesse et de la qualité de l’information sur l’esclavage devront voir le jour sur le continent, financés en priorité par l’Union Africaine et les gouvernements africains, en partenariat toutefois avec ceux des Africains que l’esclavage a arrachés il y a des siècles à leur terre et à leurs familles.

La mémoire retrouvée équivaut à la conscience retrouvée. Avec la mémoire et le conscience retrouvées, c’est la compréhension que le peuple noir aura de lui-même, de l’état de servitude dont il ne s’est toujours pas affranchi depuis des siècles s’en trouvera grandie, de même que s’en trouvera clarifiée sa perception des directions et des horizons qui doivent être les siens désormais. Dès lors, notre impact sur le cours de nos existences et sur la marche du monde de manière plus générale s’en trouvera multiplié. Notre action sera amplifiée à la manière de l’action de l’homme qui a recouvré la santé après un long stade comateux. Voilà aussi les enjeux de la mémoire. Néanmoins, la mémoire africaine doit s’étendre à l’ensemble de l’histoire du continent. Il faut bien rappeler aux Africains que l’Afrique a montré le chemin de la civilisation, de l’excellence et de la grandeur à toute l’humanité. Ces choses doivent être dites et enseignées pour la naissance d’un type nouveau d’Africain.


                             





19/08/2007
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